La Révolte des masques en Cévennes, un épisode mal connu

Une rébellion sociale quelques années avant la Révolution.

A une époque où il semblerait que le masque ne devienne l’apanage du quotidien de tout citoyen en compagnie de public, cela rappelle une autre période, peu connue, de notre histoire cévenole, celles de la Révolte des masques armés. En 1782-1783, des individus masqués, avec le visage enduit de suie et la bouche couverte par un tissu, sévirent entre Les Vans, en Ardèche, et Saint-Ambroix, nécessitant l’envoi de troupes commandées par Henri Cabot de Dampmartin.

Cette révolte était dirigée contre les procureurs qui étaient souvent des notaires locaux, à l’endroit de ceux qui accumulaient de forts gains au détriment de paysans qui leur ont emprunté de l’argent frais pour survivre. En effet, l’hiver 1783 avait été particulièrement rude et arrivait après plusieurs récoltes insuffisantes successives. Beaucoup de mûriers avaient gelé et l’éducation des vers à soie compromise, tout comme la vente des cocons.

Les malversations des procureurs, notaires et autres avocats avaient suscité beaucoup de rancœur auprès de paysans réduits à la misère, avec pour effet cette révolte du peuple des campagnes. Les attaques causaient la plupart du temps de gros dégâts matériels puisque les Masques pénétraient en force chez les procureurs et notaires, s’emparaient de leurs divers papiers et les brûlaient aussitôt. Beaucoup de Masques étaient issus des bourgades de Courry, Saint-Ambroix, Peyremale…

Cette révolte qui dura peu, comme un prélude à la révolution de 1789 contre l’injustice sociale, était le fait de pauvres gens. Après leur arrestation, certains responsables furent pendus ou roués et d’autres envoyés aux galères.

Beaucoup furent néanmoins amnistiés. Le 25 octobre 1783, aux Vans : « Trois hommes payèrent de leur vie d’avoir voulu rendre une certaine justice. Ainsi furent condamnés, François La Billerie, Jean Combe de Portes et Antoine Favant de Robiac. Ces derniers furent condamnés au supplice de la roue après avoir été étranglés… » ainsi que l’explique Richard Bousiges dans sa thèse Une famille cévenole au XVIIIe siècle. Il y a masque et masque bien sûr ! Un qui cache une volonté agressive et un autre, le nôtre actuellement, qui protège l’entourage d’éventuels miasmes.

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